Je fais suite à un article publié sur mon blog le 14 mai 2014, « Bonsoir Daisy ».
Quatre ans plus tard, en réponse à une demande de renseignements que j’ai adressée à la Sousa Mendes Foundation concernant la famille Rajcyn, dont Daisy faisait partie, j’ai reçu, le 12 juillet 2018, le mail suivant:
About the family
Visa Recipients
RAJCYN, Augustine née KLEINMAN A
Age 42 Visa # 1836
RAJCYN, Désirée
Age 10
RAJCYN, Isidore P
Âge 17
RAJCYN, Saul A
Âge 49 / #1839
The RAJCYN family received visas from Aristides de Sousa Mendes in Bordeaux on June 17, 1940.
They were unable to cross the border and went into hiding in Vence, France. There the family was caught in 1944 and sent to Drancy, then deported to Auschwitz, where they were murdered.
Je propose une traduction de ce message et une explication : La famille Rajcyn avait reçu des visas de transit de la part d’Aristides De Sousa Mendes qui était Consul du Portugal à Bordeaux. Mais il faut savoir que le gouvernement portugais de l’époque, dirigé par Anton De Oliveira Salazar, était hostile aux demandeurs de visas qui tentaient de fuir le territoire de la France, lors de son invasion par l’Allemagne. Il s’est opposé, dès qu’il en a eu connaissance, à la délivrance des visas sollicités et a destitué le consul qui avait accordé ces visas. Il est vraisemblable que les Rajcyn n’ont pas eu le temps d’utiliser utilement le visa qu’ils avaient obtenu et n’ont pas pu, en conséquence, quitter le territoire français.
La photo de Doris Rajcyn qu l’on voit ci-dessus était jointe au message que m’a adressé, le 12 juillet dernier la Fondation Aristides De Sousa Mendès. (Il convient d’indiquer au passage que le Consul qui avait été destitué par Salazar, a été réhabilité, beaucoup plus tard, à la suite de la « Révolution des œillets » qui a marqué, le 25 avril 2014, la fin de la dictature de ce même Salazar. C’est dans ce contexte qu’a été créée la Fondation Aristides de Souza Mendès.
Cette photo d’Isidore me touche très profondément. Elle exprime, à mes yeux, une confiance heureuse et douce à l’égard de ceux qui la regardent. Et j’éprouve un malaise profond en me trouvant face à l’évidence du sort qui a été celui de Doris. Face à cette confiance heureuse qu’ exprime sa photo à l’égard de notre monde, il est terrible de constater la réponse qui lui a été donnée : l’extermination.
Pierre Marchou