Personne, apparemment, si l’on examine trois problèmes qui, parmi d’autres, pèsent gravement sur le devenir de ce monde.
1/ On vient d’assister, ce vendredi 21 août, à un attentat dont la gravité a été évitée de justesse, dans un wagon du « Thalys », le train rapide qui relie Amsterdam à Paris. On s’interroge sur les mesures qui sont à prendre pour nous protéger contre ce genre d’évènement. On a certes le devoir d’assurer une surveillance efficace des auteurs éventuels de ce genre d’agressions. Mais une autre mesure s’impose, semble-t-il : l’élimination pure et simple de Daech, l’état islamique qui s’est auto-créé au moyen orient et qui encourage, publiquement, les agressions perpétrées dans les pays occidentaux, au nom d’une dangereuse caricature de l’Islam. Cette élimination de Daech est actuellement tentée, dans un certain désordre, et avec des motivations diverses, par plusieurs pays. Elle serait mieux réalisable si elle était mise en œuvre par l’autorité dont elle relève de droit : l’ONU.
Seule l’ONU, en effet, est capable d’intervenir utilement, en mettant sur pied une structure internationale dotée des moyens financiers et militaires susceptibles de servir le projet de détruire Daech au nom de l’ensemble des nations mondiales.
Le silence actuel de l’ONU sur cette question n’est pas acceptable. Y a-t-il quelque chose à faire pour que cette institution sorte de son mutisme actuel?
Oui. A condition que naisse, peu à peu, l’idée que le monde a besoin d’être défendu, an nom du droit et de la justice, par l’ensemble des nations légitimement reconnues qui le composent.
2/ On assiste, depuis plusieurs années, à ce qu’il faut bien appeler un naufrage de la Grèce. L’Union Européenne vient de négocier avec ce pays un nouveau plan de sauvetage, que l’on peut hélas résumer de la façon suivante : on va prêter à la Grèce des milliard d’euros. Et elle sera, une fois encore, dans l’obligation de rembourser cette somme à l’Union Européenne, en faisant un pas de plus vers la faillite économique et sociale qui est déjà la sienne.
Qui est en mesure d’intervenir utilement pour conjurer ce processus dont le fonctionnement est, à l’évidence, improductif?
C’est l’ONU, bien sûr, qui, seule, a les moyens d’agir, en toute légitimité, sur le plan politique comme sur le plan économique.
Il s’agit en effet de mettre sur pied la création de structures susceptibles de donner lieu à de nouvelles activités, et à de nouveaux emplois, dont la Grèce a besoin, plutôt qu’a faire semblant de lui prêter de l’argent.
3/ Les pays européens sont aujourd’hui submergés par l’afflux des migrants qui se présentent à ses frontières, après un voyage opéré souvent au péril de leur vie. On peut comprendre, certes, l’anxiété des pays européens, et leur désir de renforcer la fermeture de leurs frontières. Mais nos pays d’Europe savent bien que le seul moyen de réduire durablement l’afflux des migrants est d’aider leurs pays d’origine à leur offrir les moyens de vivre convenablement chez eux, plutôt que dans des pays d’accueil.
Cette aide est-elle possible ?
Oui, si cette aide est organisée par le seul organisme qui peut en avoir les moyens : l’ONU.
Les pays qui « produisent », si l’on peut dire, des migrants, pourraient donner lieu à des investissements capables de répondre aux besoins qui s’expriment, chez eux, en termes de développement agricole, de production industrielle, et de construction de logements. Et ces investissements sont possibles, si une autorité internationale en garantit le bon déroulement.
Seule l’ONU peut jouer ce rôle, si une majorité de ses membres lui en donne la mission.
Permettez-moi de résumer mon propos :
- Est-il pensable que l’ONU soit en mesure de se voir confier la tâche de mettre fin à la tentative illégitime et barbare qui est à l’origine de Daech, l’Etat Islamique?
- Est-il souhaitable que l’ONU soit chargée, par une décision démocratique de ses membres, d’aider enfin la Grèce à sortir du marasme économique qui menace son existence, et, par là même, la sécurité de ses voisins européens?
- Peut-on raisonnablement penser que les migrants qui tentent leur entrée en Europe renonceraient volontiers à ce voyage si leurs pays d’origine se voyaient aidés à leur offrir, chez eux, des conditions de vie acceptables? La réponse est oui, si l’ONU se voit enfin confier par la majorité de ses membres la mission d’aider dans ce sens les pays concernés.
Autrement dit, est-ce que l’ONU peut cesser d’être une institution étrangement muette, pour devenir un acteur utile au service de notre monde?
Certes, le mutisme de l’ONU n’est pas le fruit du hasard. Il a des causes que les citoyens de ce monde peuvent connaître, et doivent combattre.
Nous faisons partie, à Vence comme ailleurs, des citoyens de ce monde.
Et nous sommes invités à constater le mutisme de l’ONU, à en analyser les causes, et à lutter pour que cette grande Institution Internationale prenne ses responsabilités face aux graves problèmes qu’elle est seule à pouvoir utilement gérer.
Pierre Marchou