Le journaliste Alain Frachon vient de publier sous ce titre un article dans « Le Monde » daté du 15 avril 2016. Cet article mérite toute notre attention. J’en recopie quelques extraits : « Passivité, fatalisme, défaitisme? Entre Israéliens et Palestiniens, l’Amérique n’ exerce plus aucune médiation. La présidence de Barak Obama aura entériné un mouvement amorcé depuis les années 1990 : Washington abandonne, de facto. L’air attristé, « Barak le Fataliste » (c’est à dire Barack Obama) adopte une posture d’impuissance, et dit à ses alliés israéliens : vous allez dans le mur, mais je laisse faire. Fin mars, devant la conférence annuelle du lobbying israélien américain – l’American Israel Political Affairs Committee (Aipac), la plupart des candidats au scrutin présidentiel de novembre ont renchéri sur cette même ligne : il ne faut plus rien « imposer » à Israël.
L’unique note de discorde est venue de Bernie Sanders, le seul des candidats à être juif. Il dénonce la corruption de la politique américaine par des groupes qui financent les campagnes électorales. Il a dit que sa profonde amitié pour Israël lui imposait de condamner radicalement la politique de Netanyahou en Cisjordanie. Et, toujours devant l’Aipac, le Vice-Président des USA, Joe Biden, à été très franc : « En Cisjordanie, a-t-il dit, l’extension continue et systématique des colonies, la saisie des terres… tout cela mine la perspective de la solution dite des deux Etats que prône Washington. »
Ces extraits de l’article d’Alain Frachon montrent comment, et pourquoi, depuis vingt ans, les USA s’opposent, sans le dire clairement, à la création d’un Etat palestinien, qui serait pourtant seul capable de permettre que la paix s’installe le long de l’Etat d’Israël. Et c’est là que l’on peut se poser la question suivante : qu’est-ce qui permet de penser – et d’avoir même la certitude – que la création d’un Etat palestinien, au côté de l’Etat d’israël, permettra d’assurer durablement la sécurité de ce dernier?
La réponse – permettez-moi de le répéter – est la suivante : seul un Etat digne de ce nom, c’est à dire un Etat créé dans des conditions démocratiques, et dont l’autorité tirée de ces conditions, lui permette de s’appuyer sur une police efficace et , au besoin, sur une armée capable de soutenir son action, sera en mesure d’assurer durablement sa propre sécurité et celle de son voisin. Á l’évidence, l’actuelle « Autorité Palestinienne » n’a pas les moyens nécessaires pour jouer ce rôle.
Et voilà maintenant que j’éprouve le besoin de compléter le présent message en indiquant à mes lecteurs comment, Il y a quelques jours, j’ai assisté à l’arrivée du printemps… Un beau matin, les grands platanes de la Place du Grand Jardin, à Vence, se sont habillés de feuilles toutes neuves, qui brillaient dans le soleil, avec une sorte de transparence lumineuse. Il y avait un contraste saisissant entre la noirceur des branches et le rayonnement des nouvelles feuilles. Ce spectacle à duré deux jours, au bout desquels les feuilles ont repris leur allure normale, en troquant leur luminosité transparente contre une sobre et belle couleur verte. Je dois dire que j’ai eu l’impression, pendant ces deux jours, que la Nature me parlait. Je n’entendais pas des mots. Mais ces feuilles lumineuses semblaient m’inviter à regarder la beauté du Monde, qui m’apparaissait dans une manifestation à la fois évidente et silencieuse. Comme si le Monde prenait la peine de me dire que ces beaux platanes de la place du Grand Jardin venaient nous remercier, à chaque printemps, de ce que l’on fait pour eux, en les taillant, en les arrosant, en les nourrissant. Et leur beauté, avec la force qui s’ exprimait il y a quelques jours dans la brillance de leurs nouvelles feuilles avait peut-être pour but de nous inviter à servir la paix, à Jérusalem, à Vence, et partout ailleurs, en travaillant, chaque fois, à un projet positif, comme la plantation d’une nouvelle oliveraie, plutôt qu’à l’acceptation d’un coup qui se donne, comme, par exemple, la construction d’une colonie nouvelle en Cisjordanie. Oui, Vence, Jérusalem, et le printemps que le Monde nous offre chaque année, ont quelque chose à nous dire : « Dans votre travail pour la paix, efforcez-vous d’utiliser à la fois ce que dicte le bon sens, et ce que voient les yeux du cœur. »
Pierre Marchou