«Trouver le sens que la jeunesse attend du monde de demain ».
Tel est le but que Laurence Rossignol, Secrétaire d’Etat à la famille, s’assignait en concluant une discussion qui venait de se dérouler, mardi soir, 24 mai, sur l’antenne de « Arte », avec pour thème ce que l’on nomme la « radicalisation » des jeunes Français qui partent rejoindre les rangs de l’Etat Islamiste en Syrie.
Cette discussion réunissait plusieurs parents de jeunes « djihadistes », ,dont certains étaient morts dans des attentats suicides et dont d’autres étaient rentrés en France. A noter, en particulier, la présence d’un père de « djihadiste » qui participait à l’émission. Cet homme est parti en Syrie pour retrouver son fils et le ramener avec lui en France. Participaient également à la discussion trois acteurs sociaux du gouvernement, dont Laurence Rossignol, et un animateur, largement engagé dans les actions destinées à ramener les apprentis djihadistes dans le « le droit chemin ».
À vrai dire, la déclaration précitée de Laurence Rossignol semble paradoxale. Elle se situe en effet à la fin d’une discussion qui portait exclusivement sur la question de savoir comment lutter contre la propagande de l’Etat Islamique, diffusée sur internet, mais répandue, aussi, par la voix d’un certain nombre de ses militants infiltrés sur le territoire français.
Ce n’est que dans cette dernière phrase, citée plus haut, qu’une question nouvelle est posée par Laurence Rossignol : celle de savoir si la jeunesse d‘aujourd’hui est en mesure de s’interroger sur le sens que l’on peut souhaiter donner à sa vie.
Autrement dit, est-ce que les jeunes djihadistes sont seulement des malades qu’il convient de guérir du discours qui vient de leur être infligé par la propagande de l’Etat Islamiste ?
Ou-bien, convient-il aussi de s’interroger sur ce que l’on peut considérer comme une certaine vulnérabilité des jeunes à cette propagande ?
En quoi pourrait consister cette vulnérabilité?
Si, par exemple, on se demande pourquoi un «apprenti- djihadiste» se convertit à la religion islamique, on peut bien sûr adopter l’explication d’une simple perméabilité au discours de son recruteur. Mais peut-on aussi envisager que cette adhésion résulte du besoin de trouver une réponse à l’interrogation que la beauté du Monde est capable d’ inspirer? Il y a dans le mot « religion » le sens du verbe « relier ». On peut donc admettre, dans l’adhésion à une religion, le besoin de se « relier » à quelque chose, ou quelqu’un, qui ne se voit pas.
Et si, autre interrogation, le spectacle des injustices que le Monde tolère, et dont il souffre, nous donnait envie d’améliorer ce Monde ?
Chacun de nous, à un certain moment de sa vie, a été jeune.Et je crois pouvoir risquer l’idée qu’être jeune, c’est, entre autres choses, avoir envie de comprendre le Monde, et de travailler à son amélioration ! Que des jeunes soient tentés de se révolter contre un ordre établi, contre un Monde dont l’ordonnancement leur serait imposé : l’idée mérite d’être envisagée, même si elle n’est pas facile à gérer.
A travers ce que je viens d’exposer, je tente de suggérer que le souci d’épargner aux jeunes de très graves ennuis – qui vont jusqu’à leur suicide – ne nous dispense pas de rester à leur écoute, même s’il n’est pas concevable d’accepter les choix irréalisables qu’ils pourraient afficher.
A ce sujet, je me permets un exemple : condamner l’Etat d’Israël à la disparition, comme le prône l ‘Etat Islamique, n’est pas concevable. Mais il n’est pas question, pour autant, d’accepter la colonisation actuelle des territoires de Cisjordanie par les « colons » israéliens. Dans le discours que comporte l’adhésion d’un jeune au « Djihad », il y a certes le souhait condamnable de détruire l’ Etat d’Israël. Mais il y a aussi le désir honorable de défendre les Palestiniens de Cisjordanie.
En fait, sur ce dernier point, il faut reconnaître qu’il n’y a pas unanimité chez nos concitoyens français. Et l’on peut, en conséquence, être tenté d’ignorer une telle question, et fermer les yeux sur ce que la jeunesse tente peut-être de nous dire, à travers un discours dont il faut bien accepter la complexité.
Oui, acceptons cette complexité.
Pierre Marchou
27 mai 2016
Pour moi, la jeunesse , c’est la capacité de s’enflammer pour un idéal et d’essayer de concourir à sa matérialisation.
Et quel idéal ? Comment se forme t il ?
Par les influences croisées de:
La famille
Le milieu
L’influence de la religion
L’école
La réaction aux chocs de l’actualité
Et sans doute une synthèse de tout cela.
Quelle palette pour les » déradicalsateurs »!!