Si, d’une manière ou de l’autre, notre Monde est vraiment quelque chose qui s’arrange, alors nous comprenons mieux que la Vie ne puisse plus être regardée dans l’Univers comme un accident superficiel, mais que nous devrions l’y considérer comme en pression partout – prête à sourdre n’importe où dans le Cosmos à la moindre fissure – et, une fois apparue, incapable de ne pas utiliser toute chance et tout moyen pour arriver à l’extrême de tout ce qu’elle peut atteindre, extérieurement de Complexité, et intérieurement de Conscience. L’Homme, ce sur quoi, et en quoi, l’Univers s’enroule.(« La place de l’homme dans la nature ». Albin Michel éditeur. p 123).
Le centre extrême de chacun de nous, il ne se trouve pas au terme d’une trajectoire solitaire et divergente; mais il coïncide (sans se confondre) avec le point de confluence d’une Multitude humaine tendue, réfléchie, et unanimisée, librement sur elle-même. (La place de l’homme dans la nature » p. 236).
Jusqu’à nouvel ordre, l’Astronomie moderne n’hésite pas à envisager l’existence d’une sorte d’Atome primitif où se rassemblerait la masse entière du monde sidéral ramené quelques milliards d’années en arrière. Symétriquement, en quelque sorte, à cette unité physique primordiale, n’est-il pas curieux que la Biologie, extrapolée à l’extrême (et cette fois vers l’avant), nous conduise à une hypothèse analogue : celle d’un Foyer universel ( je l’ai appelé Oméga), non plus d’extériorisation et d’expansion physiques, mais d’intériorisation psychique, – vers où la Noosphère terrestre en voie de concentration (par complexification) semble destinée à aboutir dans quelques millions d’années. ( « La place de l’homme dans la nature » p 237)
Pierre Teilhard de Chardin.