Je constate avec regret que Marine Le Pen, dans son programme intitulé « Mon projet pour la France et les Français », exprime sa volonté de remettre en cause le fondement même du Traité de l’Union Européenne, à savoir le projet de construire, à l’échelle de l’Europe, un même pays qui constitue la synthèse de l’ensemble des pays qui la composent.
Il faut, bien sûr, reconnaître que l’on est encore loin du compte, aujourd’hui. Les européens ont certes une même monnaie, mais il n’ont pas un même projet, ni un même gouvernement pour tirer utilement parti de cette monnaie.
Marine Le Pen fait partie de ceux qui ne croient pas en cette large structure, que les fondateurs de l’Europe ont souhaité réaliser, pour éviter le risque d’un nouvelle guerre et créer un grand Etat où se fondraient en un projet commun les rivalités qui ont fait naguère, la ruine de l’Europe.
« La France devra retrouver la maîtrise de ses frontières, déclare Marine Le Pen, ainsi que la maîtrise de sa monnaie. »
Et il faut bien voir que son « Front National » n’est pas le seul mouvement politique qui s’oppose au grand projet auquel le Général De Gaulle et le Président Adenauer ont, naguère, donné le jour : la création des Etats-Unis d’Europe.
A ce sujet, je propose une brève réflexion sur la notion de « frontière ».
Faut-il rétablir une frontière dans sa pleine rigueur, avec le seul souci de défendre notre patrie contre toute ingérence étrangère? Faut-il au contraire considérer notre frontière comme une porte que nous devons savoir ouvrir quand nous le jugeons utile, dans un souci d’humanité, bien sûr, mais aussi dans le but de gérer utilement notre avenir? C’est évidemment cette deuxième conception de la frontière qui s’impose, même si elle suppose, de notre part, vigilance, et imagination.
Je me permets ici une remarque : nous vivons nous-mêmes dans un pays frontalier. Est-ce que nous devons considérer la frontière qui délimite notre territoire avec celui de l’Italie comme un barrage défensif? Ou bien pouvons nous considérer cette ligne comme un lieu de rencontre et d’échange?
Certes, entre Vintimille et Menton, de récents incidents ont eu lieu, qui réclamaient des mesures de maintien de l’ordre. Mais cela pourrait-il remettre en cause tout ce que le voisinage avec l’Italie, depuis des siècles, a eu de positif pour nous? Evidemment non!
Nous avons, bien sûr, des frontières plus difficiles à gérer que celles que nous partageons avec nos voisins immédiats : Belgique, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne. La mer Méditerranée, notamment, est pour nous une frontière pour le moins complexe. Mais nous ne pouvons ignorer les richesses qu’elle nous a apportées depuis plusieurs siècles, aussi bien sur le plan économique que dans le domaine culturel.
Cet apport contribue, avec bien d’autres choses, évidemment, au bonheur que nous avons de connaître, à Vence, une modeste, mais réelle façon de « vivre ensemble ».
Essayons , à notre humble niveau, de faire en sorte que ce « vivre ensemble » se répande doucement dans le monde qui nous entoure.
Pierre Marchou
1 octobre 2015
Voici un très beau texte, cher Pierre, plein de sagesse:
Nous en avons besoin en ces moments de perte de repères.
Merci beaucoup