« Décadence »   Un livre de Michel Onfray.

Posted on 10 Mar 2017 | 0 comments


Dans la préface de ce livre, Michel Onfray écrit : « Nous vivons, je vis, vous vivez à l’articulation de deux mondes, la fin du judéo-christianisme et l’avènement de ce qui reste flou. » (p. 14)
Autre citation : « La puissance d’une civilisation épouse toujours la puissance de la religion qui la légitime. Quand la religion se trouve dans sa phase ascendante, la civilisation l’est également; quand elle se trouve dans phase descendante, la civilisation déchoit; quand la religion meurt, la civilisation trépasse avec elle. 
L’athée que je suis ne s’en offusque ni ne s’en réjouit : je constate comme un médecin le ferait d’une desquamation ou d’une fracture, d’un infarctus ou d’un cancer. La civilisation judéo-chrétienne européenne se trouve en phase terminale. » (p. 20)

Moi, qui lis cet article, je ne suis pas « athée ». Voici ce que j’entends pas là : je pense que le monde qui m’entoure, et dont je fais partie, doit son existence à une force dont je sens la présence. Pour autant, je ne suis pas capable de connaître cette force. J’en imagine seulement le travail créateur à travers , justement, ce monde qui m’entoure.

Je retourne maintenant au livre de Michel Onfray. J’y trouve une description détaillée de ce qui est présenté comme un désastre : « Le césaro-papisme rend possible l’impérialisme chrétien conquérant qui se répand sur la totalité de la planète, de la Palestine à l’Europe, puis de l’Europe au Nouveau Monde, enfin du Nouveau Monde à toutes les terres et tous les continents sur lesquels un bateau peut aborder avec des missionnaires. (p. 152)
 Je lis, un peu plus loin : « Socrate est mort, l’université chrétienne l’a tué. La patristique et la scolastique ont offert mille ans de ténèbres à la raison. » (p. 215)
 Et encore :  » La croisade fournit le schéma de ce qui justifie l’expansion planétaire du christianisme. L’impérialisme est le nom moderne de cette chose ancienne. » (p. 235)’

Il est clair que le livre dénonce l’ « Impérialisme chrétien » comme responsable de la décrépitude qui menace notre planète.
Et je me pose, dores et déjà, la question suivante : est-ce que Michel Onfray se réjouit, ou est-ce qu’il s’attriste, de ce qu’il décrit comme la cause du naufrage de notre civilisation actuelle, lorsqu’il dit, comme on la déjà vu plus haut : « quand la religion meurt, la civilisation trépasse avec elle ?  » 
Cette question m’accompagne dans ma lecture. Et, je dois le dire, elle en augmente l’intérêt.

 Michel Onfray déclare, dans son livre, qu’il assiste à la mort d’une religion ; il n’accepte pas le message que cette religion lui a adressé , à savoir l’existence d’un Dieu créateur ; mais il pense, cependant, que seule une religion comme le christianisme (auquel il ne croit pas ) offre à notre monde la possibilité d’exister…
Le titre de son livre,  » Décadence » , suggère peut-être qu’à ses yeux notre monde est irrémédiablement condamné à disparaître, faute , pour ce monde, d’avoir trouvé le processus qui lui permette de vivre.
Il ajoute, à juste titre : « Qui, à ce jour, donnerait sa vie pour des gadgets du consumérisme devenus objets de la religion du capital ? Personne. On ne donne pas sa vie pour un iPhone. »
Et il conclut : « Le néant est toujours certain. »

Ce sont les derniers mots de son livre.
Un livre qui semble nous annoncer la fin de notre monde.   

Pour ma part, je ne partage pas ce pessimisme. Mais je comprends, et respecte, le rude parcours de Michel Onfray.Son travail et ses recherches, dont on mesure la riche dimension, et la sincérité incontestable, le mettent en face de ce qu’il décrit lui-même comme l’ « avènement de ce qui reste flou ». 

Je me permets de dire que le « flou » dont parle Michel Onfray résulte sans doute du processus qu’il décrit dans sa déclaration que j’ai déjà citée plus haut : « Quand la religion meurt, la civilisation trépasse avec elle. »

En ce qui me concerne, je pense , et je ne suis pas le seul, qu’il est possible, aujourd’hui, de travailler à la création d’une communauté humaine qui surmonte le « flou » dont parle Michel Onfray. Croyants et non croyants peuvent cohabiter au sein d’ une telle communauté. Michel Onfray y a sa place.Pour lutter contre cette « Décadence » qu’il dénonce.

Et pour servir la paix, dont son livre exprime, peut-être, le profond besoin.

Pierre Marchou 

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