11 mars 2017. Nous apprenons, ce matin, mon épouse et moi, que Vonnik Battistelli est morte cette nuit.
Je dois dire que cette nouvelle ne me rend pas triste.
J’ai le sentiment quelle vient de faire le voyage que je vais faire, que nous allons faire, un jour ou l’autre.
Et je suis tenté de penser que quelque chose d’elle va peut-être rester parmi nous.
Ce quelque chose d’elle, je l’ ai vécu, ces jours derniers, lors d’une récente visite que nous lui avons rendue, Anne et moi, au C H U de Cimiez, à Nice.Elle dormait, lorsque nous sommes arrivés. Nous l’avons réveillée. Elle était toute heureuse de nous voir.Le poste de télévision de sa petite chambre ne fonctionnait pas. Nous avons tenté de mettre cet appareil en marche, avec un infirmier que nous avions appelé à l’aide. Et ce fut sans succès. Vonnik nous a, aussitôt, fait comprendre que cet incident était tout à fait secondaire. Un geste de sa main indiquait qu’il était sans importance. Il accompagnait son regard plein de tendresse et de compréhension pour tout ce qui lui arrivait. Ses yeux ruisselaient d’une lumière heureuse.
Cette lumière heureuse, je suis tenté de penser qu’elle demeure là, parmi nous.
Pour quoi faire?
Je constate que Vonnik a fait bien des choses pour Vence et pour les enfants de Vence. Elle a été adjointe au maire de cette ville. Elle y a également dirigé un jardin d’enfants. Elle a eu, elle aussi, des enfants. Des enfants qui continuent sa vie.
Et cette lumière heureuse que nous apportaient, il y a quelques jours, les yeux de Vonnik, cette lumière me donne l’occasion d’évoquer quelque chose d’étrange : les yeux des poissons minuscules qui se trouvaient, dans l’ assiette de « fritto misto » que je m’apprêtais, récemment, à manger à la » Spiaggia », un petit restaurant de Cagnes-sur-mer. Tous ces petits poissons frits avaient, chacun, leur deux yeux grand ouverts.
On me pardonnera, j’ose l’espérer, d’évoquer ce souvenir un peu prosaïque en la présente circonstance. Mais j’éprouve, ce faisant, le besoin de partager avec vous l’image de ces yeux ouverts, deux par deux, répandus par millions, dans le monde qui nous entoure.
Merci , Vonnik, de m’avoir invité à voir, autour de moi, tous ces yeux grand ouverts.
Pierre Marchou