Permets-moi d’abord de te remercier pour cette belle réunion publique de samedi dernier, 14 janvier, au Gymnase Dandréis, où tu présentais tes vœux aux Vençois.
Je sentais battre le coeur de notre petite ville lors de ton exposé, simple et concret, de ce qui vient d’être réalisé, et de ce qui va bientôt voir le jour à Vence.
Pour chaque réalisation, tu demandais à ses principaux artisans de se présenter au public qui était là, et ce public leur adressait, chaque fois, ses remerciements chaleureux.
Oui, je crois que nous pouvons avoir, grâce à toi, quelque confiance dans l’avenir de notre chère cité.Mais cet avenir dépend aussi de quelques évènements qui s’annoncent, en France et ailleurs, et qui sont susceptibles de peser sur notre vie.
Et voilà que j’éprouve le besoin de te parler de l’un de ces évènements, parce qu’il touche Vence, directement.
Il s’agit de la résolution 2334, prise par le Conseil de Sécurité de l’O N U le 23 décembre 2016. Cette résolution ouvre, une nouvelle fois, la voie à la création pacifique d’un État Palestinien, en condamnant notamment la construction et l’expansion de colonies israéliennes de peuplement en Cisjordanie, la confiscation de terres, la destruction de maisons et le déplacement de civils palestiniens, en violation du droit international.
A ce sujet, il est utile de rappeler la décision de l’Assemblée Générale de l’O N U en date du 29 novembre 1947, qui décidait la création en Palestine d’un État pour les Juifs et d’un État pour les Arabes. L’ État pour les Juifs a été créé en 1948. Il était la légitime réponse du monde civilisé à l’horreur de la Shoa. L’État pour les Arabes n’a pas encore vu le jour. Il est pourtant, lui aussi, une légitime réponse au besoin de la population palestinienne qui l’habite : vivre dans un Etat digne de ce nom.
La non-existence de cet État pèse lourdement sur la vie de quatre millions d’habitants qui vivent en Cisjordanie, et que l’on nomme « palestiniens ». Il faut bien constater qu’il n’existe pas, aujourd’hui, en Cisjordanie, un État qui donne à cette population les droits – et qui lui impose les devoirs – inhérents à tout État digne de ce nom.Et cette absence d’un Etat Palestinien pèse aussi sur le devenir du monde entier.
Car l’éventualité de la fabrication d’une arme nucléaire, en Iran notamment, est à prendre en compte.
À ce sujet, j’ai le devoir de rappeler que l’accord intervenu le 14 juillet 2015 entre les pays du « P5 + 1 » (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume Uni, Allemagne) et l’Iran stipule la mise en place de mesures destinées à garantir, chaque fois que cela sera utile, le déclenchement d’un « break out » d’au moins un an. Le « break out » entraîne l’arrêt, en Iran, de toute création en matière nucléaire si l’on constatait un processus tendant à la création d’une bombe atomique. Sa durée correspond au temps que l’on estime nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi afin de fabriquer une arme atomique.
Malheureusement, il faut bien admettre que, de l’aveu même des représentants des pays du « P5+1 », cet accord n’apporte pas une solide garantie de son efficacité sur la non-fabrication d’une bombe atomique.
En d’autres termes, notre monde, aujourd’hui, est exposé au risque d’un désastre nucléaire.
Cher Loïc, je me dois de te dire pourquoi je me sens amené à donner une diffusion publique à cette lettre que je me permets de t’adresser en qualité de Maire de Vence.
Comme je l’ai dit au début de mon propos, tu es, à mes yeux, celui qui incarne cette ville que j’aime.
Je crois pouvoir dire qu’ une menace de destruction pèse sur Vence, comme elle pèse sur l’ensemble du monde occidental. Je crois utile que nous mesurions cette menace.
Dimanche dernier, le 15 janvier 2017, s’est tenue à Paris une Conférence sur le Proche-Orientqui réunissait 75 pays et organisations internationales. La France était bien entendu présente. Cette conférence avait pour objet principal la création d’un Etat Palestinien. Mais ni les Israéliens, ni les Palestiniens ne participaient à cette réunion.
Cette absence des principaux intéressés à une rencontre qui se préoccupait de leur sort est le signe d’un malaise profond qui affecte notre communauté mondiale.
On peut en effet se poser la question de savoir ce que devient l’organisme qui avait jusqu’ici la charge de cette communauté mondiale : l’O N U.
La création, en Cisjordanie, d’un État Palestinien ne peut que résulter d’un accord international, exprimé par une décision de l’ONU.
Le sort d’Israël dépend de cette décision de l’O N U, car ce pays, que nous aimons, a besoin d’un voisin qui soit un véritable Etat, responsable de ses actes, et non plus cet espace à la dérive qu’est devenue la Cisjordanie actuelle.
Et c’est là que mon estime pour toi, Loïc, vient me dire : « face au problème de la paix dans le monde, face à la nécessité de protéger la paix pour Vence, il est nécessaire de faire appel à notre Maire, pour répondre, avec lui, à la question qui nous est posée : comment servir la paix dont Vence, et le monde, ont besoin? »
Je ne te l’apprends pas : une commune est un lieu de vie. Elle a vocation à être un lieu de combat pour la vie.
Il serait bon que notre commune se mobilise, à sa modeste place, pour la paix à Jérusalem.
Je serais heureux que tu dises aux Vençois ce que tu penses de cette idée.
Pour ma part, je te dis mon amitié.
Pierre Marchou
P. S. Mon blog est bien en tendu à ta disposition pour publier une réponse de ta part à cette présente lettre, dans le strict respect des termes que tu souhaiteras utiliser.