« Makarizomen se, o têttix, ote, dendréon ep akron, basileus opos aeideis. »
« Nous te vénérons, ô cigale, lorsque, perchée dans le haut des arbres, tu chantes comme un roi. »
Oui, je mesure le caractère pédant de mon propos : citer Anacréon, le jour marqué par un attentat djihadiste dans une petite usine de l’Isère…
Je n’ai même pas la possibilité de citer, pour ma défense, le noble débat qui porte sur l’opportunité de maintenir dans nos lycées, l’enseignement du grec ancien et du latin.
Mais il faut bien que je parle du chant des cigales que je viens d’entendre, ce matin du mois de juin 2015, comme on l’entendait, en juin 1947, lorsque Monsieur Roger Lassale, notre professeur de « français-latin-grec », ouvrait la fenêtre de sa classe, au lycée du Parc Impérial, sur une colline de Nice.
Oui, le chant d’une cigale, ou de plusieurs cigales, a pour moi quelque chose de beau et de violent. C’est la présence, près de moi, d’une vie qui n’ est pas la mienne, mais qui a sa force, son évidence, et sa richesse. Et cette présence me suggère qu’un homme peut partager le monde avec une cigale. Dès lors, pourquoi un Français ne pourrait pas partager le monde avec un Grec ?
On peut me faire remarquer qu’un Français a un Parlement français, et un Grec, un Parlement grec.
Ce à quoi j’ai envie de répondre : qu’à cela ne tienne, créons un parlement gréco-français !
Eh bien, va-t-on me répliquer, l’idée n’est pas neuve. On a tenté de créer une Union Européenne. Et cela n’a pas l’air de marcher…
Et là, nous sommes, je crois, au coeur du problème qui se pose : nous n’avons pas été capables, les Français, les Allemands, les Anglais, les Grecs, et les autres, de faire de l’Europe une maison commune.
C’ est pourtant à notre portée.
Une cigale vient de me le suggérer.
Pierre Marchou
6 juillet 2015
Salut Pierre c’est pour moi une première de recevoir la newsletter, mais quel bel article
7 juillet 2015
Slt pierre. Quel bel article amitié
8 juillet 2015
Merci, Cédric, pour cette réaction qui me donne du courage!