Alexandre vient de nous quitter, ce 29 avril 2017.
Il fait partie des gens qui nous ont invité à vivre, et qui nous ont donné les moyens de vivre.
Et dans ce « nous », il y a beaucoup plus que moi qui vous écris et vous qui me lisez. Il y a les artistes de l’Ecole de Nice, de Yves Klein à Arman, de Bernar Venet à Malaval, de Ben à Martial Rayis, de Nivese à Chacalis, de Claude Gilli à Albert Chubac et bien d’autres encore.
Ces artistes avaient le désir de partager leur besoin de créer avec les gens qui voyaient leur travail. Et Alexandre les a mis en contact avec ces gens. Et ces gens – dont je suis, dont vous êtes – ont été invités à créer, à leur tour.
Oui, les artistes de l’Ecole de Nice voulaient créer. Mais, en même temps, ils voulaient nous inviter à participer à leur création. Il y avait là un rêve qui pouvait sembler difficile de partager. Et Alexandre a su le partager, ce rêve, avec eux, et avec nous.
Une exposition, organisée en juillet 2000, par Frédéric Altmann au Centre d’Art Contemporain de Carros, « Le paradoxe d »Alexandre », rend compte, assez profondément, de cette aventure.
Aventure qui est décrite par Alexandre de la Salle lui-même dans une longue interview qu’il m’a accordée dans le cadre de mon film « À la recherche de l’Ecole de Nice », réalisé en 2009. Dans cette interview, il décrit, avec une magnifique naïveté, l’aventure qui a été la sienne, au contact des artistes qu’il rencontrait et qu’il avait accueillis.
Et cela a eu lieu à Vence, dans une petite galerie qu’il avait créée sur la Place Godeau. C’est là qu’eut lieu, en 1967, la première exposition de ce qui allait devenir l’ « Ecole de Nice ».
Oui, c’est à juste titre que Frédéric Altman a célébré, naguère, « Le paradoxe d’Alexandre » : une Ecole de Nice, présentée, dans un premier temps, à Vence!
Et je n’oublie pas qu’une nouvelle et grande galerie De La Salle, située à Saint-Paul deVence, a, par la suite, permis de découvrir bien d’autres artistes.
Cette spontanéité dans la joie de la rencontre, dans la découverte de l’ « autre », qu’Alexandre nous a souvent donné l’occasion de vivre, j’éprouve, aujourd’hui, le besoin d’en saluer le souvenir.
Merci, Alexandre.
Pierre Marchou